Joseph-Armand Bombardier
Joseph-Armand Bombardier naît en avril 1907, au sein d’une famille d’agriculteurs des Cantons de l’Est. Déjà, à l’âge de 13 ans, il fabrique des jouets qui démontrent ses aptitudes exceptionnelles en mécanique. Son père, impressionné par les dons de son fils, lui construit, en 1926, un garage où il pourra donner libre cours à ses activités.
Le jeune homme devient garagiste. Il est capable, d’un simple coup d’œil, de comprendre le fonctionnement des appareils les plus complexes. Sa réputation fait vite le tour de la région et l’on vient d’aussi loin que Drummondville ou Sherbrooke pour lui soumettre un problème que d’autres mécaniciens ont été incapables de résoudre.
De 1926 à 1936, dans ses temps libres, il construit divers engins qui s’enfoncent dans la neige, surchauffent, tombent en panne. Ce désir de « flotter » sur la neige était dicté par la nécessité. À cette époque, on ne déneigeait pas les routes de campagne, si bien que la neige coupait les villages de la civilisation.
Les tâtonnements de Bombardier aboutissent en 1936 : il produit commercialement la première autoneige québécoise. Le B-7 (B pour Bombardier et 7 pour le nombre de passagers) glisse sur la neige grâce à un système de chenilles. Cette autoneige est d’abord achetée par des villageois des alentours qui ont à se déplacer l’hiver, tels les curés, les médecins… et les croque-morts!
Bombardier fait alors un calcul rapide : s’il réussit à vendre son invention à Ford ou à Chrysler, il empochera un peu plus de 4 000 dollars! Ce qui représentait une fort jolie somme à l’époque. Mais il choisit plutôt de fermer son garage et de construire sa première usine à Valcourt. C’est ainsi que naît l’entreprise qui deviendra le plus grand complexe manufacturier de propriété québécoise.
Les affaires vont bon train quand éclate la Deuxième Guerre mondiale qui amène son lot d’ennuis à l’entrepreneur. L’armée canadienne réquisitionne son usine; Bombardier doit remettre à plus tard ses projets d’expansion. Les militaires s’intéressent à son autoneige B7, capable de se mouvoir sur la glace comme sur le sable ou même de se tirer d’affaire dans des marécages. L’usine Bombardier en produit quelques centaines pour l’effort de guerre, mais Ottawa refuse systématiquement de verser les droits que lui réclame Joseph-Armand pour son invention.
Ce dernier gardera toute sa vie une rancœur et une méfiance profondes à l’égard du gouvernement fédéral, ce qui contribuera à renforcer le nationalisme de cet homme jaloux de son autonomie.
À la fin des années 1940, survient un coup dur quand le déneigement des routes du Québec devient systématique. Pour l’entreprise de Valcourt, c’est la catastrophe. Car les véhicules Bombardier servent principalement au transport sur les routes enneigées.
Mais Joseph-Armand réplique! Il met au point le Muskeg puis le J-5 qui deviennent les nouveaux fleurons de ses usines. Le Muskeg, un très versatile tracteur tout-terrain à chenilles, se retrouve bientôt sur les champs de glace de l’Antarctique, dans des fermes d’Islande ou sur les bancs de sable du Sahara. Le J-5, pour sa part, est une débusqueuse qui va littéralement révolutionner l’exploitation forestière.
Ces créations assurent la prospérité de l’entreprise, à laquelle se sont joints d’autres membres de la famille. Mais Bombardier n’oublie pas la neige. Il rêve de créer un véhicule léger, pour le transport individuel dans les régions isolées du Grand Nord.
À la fin des années 1950, avec son fils Germain, il invente le Ski-Dog, bientôt connu sous le nom de Ski-Doo à la suite d’une erreur d’impression dans la documentation remise à ses distributeurs. Quinze ans plus tard, plus d’un million de ces engins sillonnent les campagnes enneigées du monde.
Joseph-Armand Bombardier, devenu le premier grand industriel du Québec et un symbole national, avait prévu l’utilisation de la motoneige à des fins récréatives. Mais il ne fera qu’entrevoir son fantastique succès commercial car il meurt du cancer en 1964…
Bientôt, son gendre, Laurent Beaudoin, prend en mains les destinées de l’affaire. Sous sa gouverne, Bombardier va devenir une multinationale de premier plan dans le domaine du transport.