Jean de La Fontaine |
Biographie La Fontaine, Jean de
1621 – 1695
Poète français
Jean de La Fontaine naît le 8 juillet 1621 à Château-Thierry, en France. Il vit une enfance heureuse en Champagne, son père étant Maître des Eaux et des Forêts, charge qu’il exercera lui-même de 1652 à 1672.
À vingt ans, il croit avoir la vocation ecclésiastique, mais il quitte la théologie pour le droit et reçoit le titre d’avocat au Parlement.
En 1647, à l’âge de 26 ans, il épouse Marie Héricart, parente éloignée de Racine, qui n’a que 14 ans. Provinciale aisée, elle lui apporte une belle dot. Elle lui donnera un fils, dont il se désintéressera. Les époux finiront par vivre séparément.
Vers 1657, il figure parmi les protégés de Fouquet, protecteur des arts, qui, ultérieurement, sera arrêté sur l’ordre de Louis X1V. La Fontaine se cherche alors un nouveau protecteur, chose normale au XVII siècle pour un poète sans fortune. Marie-Anne Mancini, nièce de Mazarin, restera sa protectrice et son amie pendant 30 ans. Il sera accueilli par Mme de La Sablière et fréquentera les grands de son temps, notamment Racine, Boileau, Molière, et se liera d’amitié avec les plus grands artistes.
La Fontaine, fin observateur, ayant côtoyé les grands bourgeois comme les petites gens, les grands seigneurs, les financiers, les magistrats, a acquis une expérience inestimable de la nature humaine, qu’il sait si bien décrire dans ses Fables qui l’ont rendu immortel.
Son oeuvre est considérable: poésie, opéras, épîtres, discours, lettres.
L’homme s’est éteint le 13 avril 1695, à l’âge de 74 ans, mais une faible partie de son oeuvre, les Contes et les Fables, est passée à la postérité : Premier Recueil (1668), Second Recueil (1678) et Livre X11 (1694).
La mort et le bûcheron
Il est difficile de commenter une oeuvre aussi vaste que celle de La Fontaine. Laissons cela aux connaisseurs. Par contre, tout un chacun est à même de comprendre le sens de ses merveilleuses Fables, qui décrivent fort bien toute la gamme des faiblesses humaines et des malheurs.
Laissons de côté les Fables les plus connues comme celle de la Cigale et la Fourmi, pour n’en citer qu’une, particulièrement touchante, se rapportant à la vie malheureuse du paysan du XVII siècle.
Ce bûcheron, c’est l’homme malheureux de tous les temps.*
LA MORT ET LE BUCHERON
Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée (branchages),
Sous le faix (fardeau) du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé (rejeté), marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine (cabane) enfumée.
Enfin, n’en pouvant d’effort et de douleur,
Il met bas son fagot (bois attaché), il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu’il est au monde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos :
Sa femme 1, ses enfants, les soldats 2, les impôts
Le créancier 3 et la corvée 4
Lui font d’un malheureux la peinture achevée. 5
Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu’il faut faire.
»C’est, dit-il, afin de m’aider’
À recharger ce bois ; tu ne tarderas guère ». 6
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d’où nous sommes ;
Plutôt souffrir que mourir,
C’est la devise des hommes.
1 Sa femme, ses enfants: la honte de ne pouvoir leur donner davantage, le souci de les rendre heureux.
2 Les soldats: au XVII siècle, ils logent chez le paysan, surtout quand il ne paie pas ses impôts. *
3 Le créancier: auquel il emprunte pour payer ses impôts*
4 La corvée: travail gratuit qui était dû par le paysan au seigneur ou au roi. **
5 Peinture achevée: tableau de sa situation.
Quelle belle tournure de phrase, quelle belle image !
6 À recharger ce bois; tu ne tarderas guère: tu ne perdras pas de temps; cela se produira rapidement.
* Collection littéraire Lagarde et Michaud
** Le Petit Larousse illustré 2006
Larousse 2006
Le Grand Dictionnaire encyclopédique du XXe siècle
Larousse encyclopédique illustré