Marius Barbeau
Marius Barbeau naît en mars 1883, à Sainte-Marie de Beauce, d’un père entrepreneur forestier et d’une mère qui, jadis, rêvait d’être pianiste de concert. Elle instruira elle-même son fils jusqu’à ce qu’il atteigne sa douzième année et puisse s’inscrire dans un collège des environs de Québec. De là, il gagne l’Université Laval où il fait de solides études en droit.
À 20 ans, il trouve que le Québec est trop coupé du reste du monde. Il rêve déjà de voyages, il veut rompre avec un milieu qu’il estime rétréci et étouffant. L’occasion va bientôt lui en être donnée… Premier boursier canadien-français de la Fondation Rhodes, Marius Barbeau gagne l’Angleterre et y fréquente la célèbre université d’Oxford. Il y fait la découverte de l’anthropologie et renonce aussitôt au droit pour s’intéresser à une science de l’homme qui va l’amener à redécouvrir sa culture d’origine.
Ses études le mènent, durant l’été, à la Sorbonne où il parfait son savoir. Il rentre au pays à 27 ans, bardé de diplômes. Il accepte bientôt un emploi au Musée Victoria qui deviendra le Musée national du Canada. Il y demeurera jusqu’à sa retraite, en 1948. Ses premières études d’importance ont trait à la culture et à la langue des descendants de l’ancienne Huronie. Il se rend ainsi chez les Wyandots en Ontario et en Oklahoma puis, au Québec, chez les Hurons de Loretteville. En 1914 et 1915, il débarque chez les Tsimshians de la Colombie-Britannique où il se familiarise avec leurs mâts totémiques. En fait, il va étudier en profondeur, toute sa vie, les cultures autochtones de l’Ouest du pays, de l’île de Vancouver jusqu’à l’Alaska.
Grâce à l’influence de l’anthropologue américain Franz Boas, Marius Barbeau passe à la découverte puis à l’exploration fébrile de la culture d’origine française de sa province natale. Il englobe dans ses recherches l’ensemble de nos traditions et établit les fondements des études relatives à l’art, à l’artisanat et à l’architecture du Canada français. Il collectionne aussi les chansons folkloriques et les contes du Québec qui seraient aujourd’hui disparus n’eut été de son entêtement. Il les enregistre alors sur des cylindres de cire et constitue ainsi une documentation orale d’une importance capitale. Marius Barbeau s’attache également aux rites et aux croyances populaires et il écrit sur des sujets aussi diversifiés que le monarchisme au Québec ou l’observance de la messe de minuit. En fait, il laissera une bibliographie considérable, composée de 200 volumes, segments de volumes ou papmphlets et de quelque 600 articles parus dans divers périodiques.
Quand il entreprend d’inventorier le fonds folklorique québécois, la culture traditionnelle, composée de chansons, de contes et légendes, de rites et de fêtes, a amorcé son déclin. Elle ne survivra encore que quelque temps, dans des régions rurales demeurées à l’abri de l’urbanisation et que n’ont pas encore touché la radio, le cinéma ou la presse.Marius Barbeau se voue aussi à l’enseignement universitaire. À l’Université d’Ottawa d’abord, puis à celle de Montréal et enfin, à celle de Laval, à Québec, où il participe, avec son disciple Luc Lacourcière, à la fondation des Archives du Folklore. Son travail de bénédictin et ses voyages incessants ne lui laissent que bien peu de temps à consacrer à sa vie familiale.
En 1913, lors d’une visite chez le médecin, il avait fait la connaissance d’une infirmière, Marie-Ernestine Larocque, qu’il avait épousée l’année suivante et qui lui donnera deux filles. Son maigre salaire de chercheur n’enrichit pas le couple… Pour arrondir les fins de mois et calmer les inquiétudes de sa femme, Marius Barbeau envoie des textes aux quotidiens et hebdomadaires à grand tirage de l’époque. En fait, il ne cessera jamais de travailler et d’écrire. Il a la satisfaction de constater que son immense apport à l’anthropologie et à l’ethnologie n’est pas salué que par ses compatriotes. Il reçoit un doctorat honoris causa de l’Université d’Oxford, après avoir beaucoup publié aux Etats-Unis où il a même présidé l’American Folkloric Association. Il prendra sa retraite du Musée en 1948 mais il ne ralentira pas d’autant ses activités et ce, jusqu’à sa mort, survenue à Ottawa, en février 1969, à l’âge de 85 ans