Fernand Ouellette
Sanglots d’aile
À Pierre Jean Jouve
Nos très noirs sanglots d’ailes
au rouge printemps de la foudre
se nouent en vain :
il y a mort de soleil
à la source du jour,
mort de lumière profonde
en l’élan de l’oeil.
Et remonte la mémoire
le brouillard de neiges tristes,
et glisse la gelée muette
dans les bourgeons de joies désirantes.
Nos très noirs sanglots d’ailes
en plongée contournent
la fumée d’un ange montante :
il y a mort d’infini
sous la pierre des paupières.
OUELLETTE, Fernand, Ces anges de sang, L’Hexagone, « Les Matinaux », 1955, 30 p.