Mil huit cent cinquante-deux un poème de Joseph Lenoir
Hélas! nos députés sont des prolifiques!
BARTHÉLEMY
L’an qui vient verra-t-il changer nos destinées,
Nos lyres et nos voix encore condamnées
À dire à tous venants nos intimes malheurs?
Verrons-nous le parti vermoulu du désordre
S’écrouler de lui-même, ou bien enfin se tordre
Sous l’étreinte de ceux dont il fit les douleurs?
Or, il s’est endormi sur la foi d’un faux rêve!
Laissons-le savourer les douceurs d’une trêve:
La mort est le but qu’il atteint.
Le lourd régime anglais perdant tout équilibre
Permettra tôt ou tard que ce pays soit libre.
Sa tombe est presqu’ouverte et son pouvoir éteint!
Eh! ne pouvons-nous pas, frères, en hâter l’heure?
Voyez quels sont les maux de ce peuple qui pleure
Ses deux mille fils errant chez l’étranger!
La détresse d’ici menaçait leur courage.
Que leur rappel enfin devienne notre ouvrage!
L’exil assez longtemps a dû les outrager!
Législatez toujours, politiques harpies!
Pressurez jusqu’au sang avec vos lois impies
Nos campagnes et nos cités!
Quel que soit le vouloir du maître qui commande,
L’esclave, sans tarder, doit lui faire l’offrande
De son corps, de ses biens et de ses volontés!
C’est votre droit. Pourtant, vous porterez sa chaîne!
Maîtres, votre avenir est sombre, et chaque haine
Dans peu vous stygmatisera!
Votre égoïsme froid rendant votre âme inerte
Vous suivra comme un crime aux jours de votre perte!
C’est pour nous venger tous que Dieu vous brisera!
L’an qui vient verra donc changer nos destinées!
Nos voix ne seront plus encore condamnées
À dire à tous venants nos intimes malheurs.
Nous verrons le parti vermoulu du désordre
S’écrouler sur lui-même, ou bien enfin se tordre
Sous l’étreinte de ceux dont il fit les douleurs!
Mil huit cent cinquante-deux un poème de Joseph Lenoir
18 mardi Nov 2014
Posted Joseph LENOIR (1822-1861), MES POÈMES
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