Passage

Me voici au bord de la mer,
À mes côtés, une barque déploie ses blanches voiles
à la brise du matin et part vers l’azur de l’océan.

C’est une barque douce et je la surveille jusqu’au moment
où la mer et le ciel se donnent rendez-vous,
À côté de moi, quelqu’un me dit : « Tiens, elle a disparue ».

Disparu où ?

Disparu de ma vue, voilà tout.

Elle est toujours aussi haute de mât, aussi large de carlingue
qu’au moment où elle était à mes côtés,
toujours aussi capable de porter sa cargaison vivante à destination.

Sa disparition est en moi, et non en elle.

Et juste au moment où quelqu’un dit à mes côtés : « Tiens elle a disparue »,
d’autres yeux sur l’autre rive la voient venir
et d’autres voix s’apprêtent à crier : « Tiens la voici »…

Et c’est cela que l’on appelle mourrir…