L’homme et la colombe

Un homme se tenait assis sur un rocher, la tête entre les mains. Il paraissait porter le poids du monde sur ses épaules. Une colombe vint se poser sur son épaule. « Homme, tu as l’air si triste, que se passe t-il ? »
L’homme ne répondit pas de suite, il semblait ne pas avoir entendu. Alors, la colombe émit un chant merveilleux.
Enfin, l’homme leva les yeux « c’est si beau ce que tu viens de chanter, que fais-tu là ? » demanda t-il à la colombe.
« J’ai vu ta tristesse et je veux en connaître la raison, tu sais il n’est pas bon que l’homme soit triste.
« J’ai fait le tour du monde, répondit l’homme, nulle part je n’ai trouvé le bonheur. Les hommes se tuent, des enfants souffrent, le monde manque d’amour ».
« Oui, tu as raison sur bien des plans, dit la colombe, le monde manque cruellement d’amour. Vois-tu, moi je chante malgré tout cela et je remercie la vie de pouvoir voler et chanter, c’est un grand bonheur pour moi. As-tu déjà rendu grâce d’être en vie ? »
« Non jamais, répondit l’homme, car je trouve la vie tellement difficile et cruelle ».
« Regarde-moi, je n’ai pas d’argent, je trouve pour me nourrir, je vis ma vie de colombe et je suis heureuse. Tu dois remercier pour la vie qui t’est donnée, tu dois accepter la place que tu as dans cette vie, c’est là que tu dois être, et le bonheur est en toi. Tu peux courir tous les continents pour le chercher, tu ne le trouveras pas. Le bonheur est en chacun de nous, là où il doit vivre. C’est l’acceptation qui est la plus importante, tant que tu n’auras pas accepté ta vie, que tu ne t’aimeras pas, tu ne seras pas heureux. Ensuite, tu dois lâcher prise sur ce que tu ne sais pas changer. »
« Mais il y a tant de choses à changer dans ce monde, répondit l’homme. »
« Es-tu Dieu, lui demanda la colombe ? »
« Non, bien sûr, je ne suis qu’une créature parmi d’autres. »
« Oui, tu es une créature parmi d’autres, mais tu es unique, il n’y en n’a pas deux comme toi. Tu ne dois pas croire que tu peux changer le monde, c’est un petit peu orgueilleux, tu ne crois pas ? Contente-toi de te changer toi-même, c’est-à-dire, change ton regard sur la vie et le monde, change dans ta vie ce que tu peux changer et accepte ce que tu ne peux pas changer. Je t’assure, c’est le meilleur moyen pour être heureux. Je parie que tu te trouves trop petit, trop gros, n’est-ce pas vrai ? »
« Oui, dit l’homme, comment le sais-tu ? »
« Je le vois dans tes yeux, n’oublie jamais que les yeux parlent sans que tu ne dises mot. Tu ne saurais plus grandir, mais tu peux essayer de maigrir, cela est une chose que tu peux changer. Dis-toi bien qu’un homme petit peut faire de grandes choses. Il suffit pour cela d’ouvrir ton esprit et ton coeur aux autres, sans attendre que tout tombe du Ciel. Tu sais, c’est trop facile de dire « oui mais si… ». Ne fais de reproche à personne, tu es ce que tu es, mais tu peux devenir ce que tu dois être vraiment, comprends-tu cela ? »
« Oui, dit l’homme, avec toi tout est clair ! Veux-tu encore chanter pour moi, tu me rends heureux ? »